Pédagogie Steiner ? Attention…

Je me suis toujours intéressé aux pédagogies alternatives, aux autres manières d’enseigner, au fait de laisser les enfants expérimenter et s’exprimer. On connaît (de nom en tout cas), la pédagogie Montessori – basée sur les découvertes de Maria Montessori, médecin et pédagogue italienne – qui repose sur l’éducation sensorielle, ou encore la pédagogie Freinet – mise au point par Célestin et Élise Freinet, pédagogues français – fondée sur l’expression libre des enfants (texte, dessin). Mais on ne connaît pas ou mal la pédagogie Steiner-Waldorf qui s’appuie sur l’anthroposophie, une doctrine ésotérique qui mélange pseudo-science, occultisme et dérives sectaires, qui n’est évident pas présentée comme telle. Cette doctrine pioche dans beaucoup de concepts – tel que le karma, le corps astral ou la réincarnation – emprunte des idées à d’autres courants religieux ou philosophiques, et propose des réponses dans tous les domaines de la vie, allant des écoles Steiner à l’agriculture biodynamique mise en avant par Pierre Rabhi, en passant par la banque coopérative Nef et les produits cosmétiques Weleda.

Arte, via l’émission VoxPop, a réalisé un petit documentaire sur le sujet, mais le premier à lancer l’alerte sur  les écoles Steiner-Waldorf et l’Anthroposophie est Grégoire Perra, professeur de Philosophie qui a passé 30 ans de sa vie dans l’anthroposophie. Vous pourrez trouver un nombre important d’informations sur son blog. Il a par ailleurs été reçu par La Tronche en Biais pendant un live (c’est à ce moment là que j’ai découvert le sujet) et il a échangé pendant 6h avec Elisabeth Feytit, autrice et documentariste qui tient le très bon podcast Méta de Choc que je vous invite à écouter. Vous y trouverez beaucoup de liens et ressources pour creuser le sujet.

En lisant et écoutant tous ces témoignages (le site La Presse nous livre quelques exemples supplémentaires), il est clair qu’on ne peut pas parler de « pédagogie ». On peut lire sur le site officiel des écoles Steiner que l’objectif est d’ accueillir l’enfant à l’école et le « reconnaître dans sa personne individuelle » et que la « tâche de l’enseignant devient alors de favoriser l’épanouissement de chaque enfant ». Pourtant, les écoles Steiner sont quasi-identiques : même décoration (couleurs des murs), même mobilier (forme des chaises) et ustensiles, cours chronométrés à la minute près, les chansons, la manière d’apprendre les matières, etc… « C’est réglé au millimètre depuis plus de 100 ans », dit Grégoire Perra. Par exemple, les travaux manuels – souvent mis en avant – effectués par les enfants consistent à reproduire sans comprendre, sans réfléchir à ce qu’ils font, sur fond d’endoctrinement inconscient. Un élève qui pose des questions et qui critique est mal vu et est considéré comme « trop éveillé ». Pas de notes ou d’évaluations en cours, un retard académique, pas de surveillance pendant les récréations, des enfants qui se battent car « leur karma se développe ». Tout ce qui n’appartient pas à l’anthroposophie (les technologies notamment), ce « monde extérieur » à l’école est considéré comme un mal et est à éviter.

Le Point a rédigé un article qui parle plutôt bien du problème, et on constate que l’anthroposophie dispose d’un véritable lobby pour défendre ses intérêts. Le Monde Diplomatique dresse un portrait glaçant des ramifications qu’a l’anthroposophie avec tous les secteurs existants, allant jusqu’à capter l’attention de plusieurs ministres de la Culture (Françoise Nyssen) et de l’Éducation (Jack Lang).

Je vous invite également à lire le « Temoignage d’une maman qui a sorti son enfant d’une école Steiner-Waldorf« , que j’ai découvert grâce à Stéphanie de Vanssay, conseillère nationale au syndicat des enseignants de l’Unsa et « militante pédago optimiste et constructive ».

Et pour mieux comprendre l’anthroposophie, une petit vidéo de l’AFIS – Association Française pour l’Information Scientifique – vient de sortir sur la toile.

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