Historique numérique personnel et dégooglisation

Suite à la lecture de cet article, j’ai décidé de vous raconter ma « dégooglisation ». Je parlerai même plus de « dégafamisation ». Mais je vais en profiter pour refaire un historique de mes outils et services numériques. Accrochez-vous pour un petit voyage dans le temps !

Je ne vais pas tout détailler mais certains noms vont sûrement vous rappeler des souvenirs. Il y a également des services que les moins de vingts ans ne peuvent pas connaître (comme peut-être cette superbe référence musicale de bon goût). Allez, on s’installe confortablement dans la Delorean et on roule jusqu’à 88 miles à l’heure !

Années 90 : Je ne sais plus précisément à quel âge j’ai commencé à utiliser un ordinateur mais celui que nous avions à la maison tournait au début avec Windows 3.1 (qui date de 1992) et je me souviens de notre passage à Windows 95. Je jouais à une version de Adi, le jeu éducatif sur lequel on pouvait réviser ses cours de français et de math. Je l’avais installé grâce à une disquette… vous vous rappelez ? On pouvait mettre dessus 1.4 Mo.

1999: Internet est arrivé à la maison (LibertySurf, puis Wanadoo) donc c’est le début de mes inscriptions à différents services, avec notamment une boite mail chez Caramail. D’ailleurs, je ne me souviens absolument pas avoir fermé mon compte…

Années 2000 : L’ordinateur pour les enfants est sur le palier. Je l’utilise principalement pour jouer (Counter-Strike, Max Payne, Unreal Tournament, Half-Life) et télécharger de la musique (Napster… ou comment prendre 30min pour télécharger 1 chanson).

2004 : L’ordinateur personnel arrive dans ma chambre, notamment pour le travail du lycée. D’ailleurs au lycée, on a des gros Macs dans la salle informatique. J’ai du mal à m’en servir, je ne trouve pas ça pratique. Par contre, j’adore la touche du clavier qui permet d’ouvrir le lecteur CD.

2005 : J’installe Ubuntu et l’utilise pendant quelques mois – pour tester – puis retour à Windows car je trouve qu’il y a trop d’incompatibilités avec ce que je souhaite faire, et je n’ai pas assez de patience pour apprendre à m’en servir. Rien que pour installer des logiciels, j’ai du mal.

2006 : Une collègue de travail (au centre de loisirs) me parle de Facebook. Je ne sais pas encore ce dont il s’agit, je me crée donc un compte. Je m’achète un deuxième ordinateur – pour avoir un portable en plus du fixe – un Sony Vaio.

2007 : J’entends parler d’un nouveau type de téléphone portable. Un truc qui va changer la façon de les utiliser. Je découvre l’iPhone d’Apple et m’en commande un en import. Obligé de le jailbreaker pour pouvoir le désimlocker et l’utiliser en France. Il n’y a pas encore de forfait 3G, j’ai une option « surf » sur mon forfait M6 Mobile, et ça fonctionne pas mal.

2008 : Cette année là, je me crée mon compte Twitter qui au début ne me sert pas à grand-chose. Et puis, c’est surtout l’année d’un grand changement. Après avoir goûté à la marque à la pomme avec le téléphone, j’ai envie d’aller plus loin. Je me rends compte que mon directeur de centre de loisirs est un fan d’Apple, et que le centre a toujours été équipé avec les ordinateurs de la marque. On avait plein de modèles différents, du G3 fluo, au G4 tournesol, jusqu’à l’iMac aluminium. Je prends le temps d’utiliser la machine pour faire des activités avec les enfants (création d’un journal papier, montage vidéo). Je tombe sous le charme de la bête. C’est la fin des grandes vacances, j’ai ma paye, je m’achète un beau iMac 24″ aluminium.

C’est à partir de ce moment-là que j’ai totalement basculé dans le tout Apple, et je peux dire que j’en ai eu pas mal (trop sûrement). Macbook blanc, première génération du Macbook Air, Apple TV, iPad première génération, Macbook pro ainsi que différentes suites de logiciels (que j’ai payés, je précise) Final Cut Studio, Logic Express, iLife. Et comme tout bon Apple fanboy qui se respecte, je changeais de modèle d’iPhone tous les ans. J’ai commencé à convertir mes amis et une partie de mon entourage. Mais il faut bien avouer que c’était du beau matériel qui tenait la route. Pendant plusieurs années je ne me suis pas posé de questions sur le matériel et les services que j’utilisais (dropbox, Google et compagnie).

2010 : Je me mets à mon compte et j’ai donc besoin d’être visible et rapidement identifiable sur internet. Je m’inscris sur tous les réseaux existants, je suis hyper connecté. Comme je fais de la vidéo, je me mets à diffuser mes réalisations sur YouTube et Vimeo. J’ai déjà une chaîne Dailymotion qui datait de mes études de cinéma.

2014 : J’ai un nouveau travail – j’ai arrêté de faire de la vidéo et n’utilise plus mes suites logiciels hors de prix – et un de mes collègue commence à me parler de Framasoft. On utilise notamment un framapad pour les prises de notes pendant les réunions. De plus, mon nouveau poste m’incite à me poser (enfin) des questions, notamment lorsque je dois aider des gens avec leurs services web et leurs machines. Je commence à m’intéresser à l’éthique qui touche à l’informatique, car je me retrouve – en tant que responsable d’espace public numérique – à manipuler les informations personnelles des utilisateurs qui ont besoin d’aide. Une personne qui veut que je l’aide à faire sa déclaration d’impôts, une autre qui doit contacter l’ambassade pour une histoire de papier, quelqu’un qui à besoin d’un coup de main pour la rédaction d’un CV, etc. Et je réalise que je brasse beaucoup de choses, et que les personnes concernées ne font pas spécialement attention. Régulièrement, je fais le nettoyage des postes de la salle et je retrouve un nombre impressionnant de fichiers personnels dans le dossier téléchargement. Et puis je tombe très souvent sur les boites mails des personnes qui ne se sont pas déconnectées.

Cela fait déjà un an qu’on parle d’Edward Snowden et je commence à m’intéresser au personnage. En même temps, je rencontre des collègues bibliothécaires qui militent pour le Libre et le droit à la copie. De nouveaux sujets s’ouvrent à moi. Cela fait également quelques mois que je fais tourner un petit fablab dans la médiathèque et je suis amené à rencontrer de nouvelles personnes dans des hackerspaces autour de moi. Progressivement, ma vision du monde change. Mon rapport au numérique et à l’informatique n’est plus le même. Je quitte ma posture de simple consommateur, je me pose des questions. Comme je travaille dans une médiathèque et que je gère également un fond de livres, je commande des ouvrages qui parlent politique, éthique, vie privée (comme Menace sur nos libertés de Julian Assange par exemple).

Pendant ces deux années, je commence à changer mes habitudes, je glisse progressivement vers le Libre. Je commence à tester de nouveaux moteurs de recherche. J’ai mis par défaut DuckDuckGo, histoire de tester un peu, puis je passe à Qwant, que je mets ensuite sur tous les postes de la salle informatique. C’est également à cette période que j’entends parler de TOR et du deepweb. Le sujet m’intéresse, aussi bien pour sa partie technique que pour les idées qui l’accompagnent. Je découvre aussi le concept des Cryptoparty.

mars 2016 :  C’est décidé, je ne garde pas mon iPhone, j’ai envie d’aller voir ailleurs, je ne veux plus rester sur un système fermé. J’ai l’impression d’être limité et de ne pas pouvoir faire ce que je veux avec mon appareil. Je me commande un Nexus 5x car je sais que je peux facilement changer le système d’exploitation. Au début, je l’utilise normalement. Je n’ai pas spécialement touché aux paramètres, je suis un utilisateur lambda qui s’acclimate doucement à Android. Puis un jour, je tombe sur la page « Mon Activité » sur le site de Google, et je réalise l’ampleur des dégâts… Ni une ni deux, je root mon téléphone et change le système. Me voilà débarrassé du suivi permanent de Google.

été 2016 : C’est les vacances, j’ai un peu de temps libre. J’en profite pour continuer mon changement de vie numérique. J’installe d’abord Ubuntu sur mon iMac, histoire de me remettre dans le bain. Je teste un peu et me voilà définitivement convaincu. Je commande un nouvel ordinateur et je compte bien y installer directement une distribution Linux. Je me débarrasse de toutes mes machines Apple.

Je débute de ce blog – que j’avais ouvert il y a un moment sans trop savoir quoi y faire – pour raconter plus en détails mes nouvelles habitudes, ainsi que présenter les différents services et systèmes que je teste. Je m’interesse aux associations et organisations qui agissent pour le Libre et je deviens membre d’un certain nombre. J’en profite aussi pour ouvrir un compte sur Framasphère.

septembre 2016 : Mon nouveau pc arrive (accompagné d’un joli Windows10) et j’installe immédiatement une distribution GNU/Linux dessus. J’en teste plusieurs puis je trouve celle qui me convient. Il est hors de question de revenir à un système fermé. Je commence à explorer de nouveaux outils, je crée ma paire de clefs de chiffrement et commence à utiliser un VPN.

octobre 2016 : Je fais le grand nettoyage des réseaux sociaux et service web que j’utilise, avec notamment la fermeture de mon compte Facebook.

février 2017 : J’achète une brique internet afin de tester l’auto hébergement.

mars 2017 : J’ouvre un compte sur Mastodon

mai 2017 : Je ferme mon compte Twitter. Un service propriétaire de moins !

Et nous voilà maintenant, dans le présent, au moment où vous lisez ces lignes. Ma configuration actuelle et les services que j’utilise n’ont pas évolué depuis mon dernier bilan.

J’ai donc réussi à me débarrasser de la quasi totalité des GAFAM présents dans ma vie personnelle. Plus de Google, de Facebook, d’Apple ou Microsoft. Mais je dois bien avouer que je n’ai pas encore trouvé de remplaçant à Amazon. Il me reste encore à accompagner (obliger ?) ma famille et mes amis à suivre la même démarche.

C’est pas l’pied !

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14 Responses

    • Merci 🙂 c’est en écrivant tout ça que je prends conscience du chemin parcouru. J’espère que ça en motivera d’autres à tenter l’expérience.

  1. Salut,
    bel histoire, j’ai un peu le même parcours 🙂

    Par contre je suis toujours bloqué de mon coté par mon téléphone Android, tu écris : « Ni une ni deux, je root mon téléphone et change le système. Me voilà débarrassé du suivi permanent de Google. »

    Ok mais pour aller vers quel OS qui n’a pas des briques Google dedans ?

    Merci d’avance pour ta réponse.

    • Salut 🙂 Alors j’ai testé plusieurs ROM et je conseille globalement LineageOs.
      En terme de suivi et de mise à jour, c’est bien maintenu. Et tu as la couche de base d’Android, sans les ajouts de Google. Tu peux ensuite installer http://opengapps.org/ pour ajouter (si besoin) des éléments de Google (si tu veux le store par exemple). Mais tu peux très bien faire sans.

  2. Très intéressant !
    Du coup ça me rappelle qu’il faut que je me bouge pour désinstaller Android de mon téléphone… Et passer à Linux aussi. Malheureusement j’ai quelques problèmes de compatibilité avec des drivers et logiciels essentiels. Bref, pas toujours facile de dégafamiser sa vie numérique !

    • Ah tu peux toujours faire un dual boot sur ta machine ou encore utiliser Windows en machine virtuel sur un environnement Linux (ou passer par Wine, qui permet de lancer des logiciels Win).
      Pas évident… C’est comme manger Bio. Parfois on trouve pas l’équivalent, parfois c’est moins beau, ou y a moins de choix, ou c’est plus chiant. Il faut savoir où on veut mettre le curseur.

      • « Pas évident… C’est comme manger Bio. Parfois on trouve pas l’équivalent, parfois c’est moins beau, ou y a moins de choix, ou c’est plus chiant. Il faut savoir où on veut mettre le curseur. »

        oui, mais parfois le bio c’est même plus beau, et meilleur aussi 😉 il suffit d’y prendre goût

        • ah mais tout à fait ! Pour moi ça ne peut venir que d’une démarche personnelle, ou alors du hasard. Si on fait une transition, tout n’est qu’une question d’habitude. On ne devient pas végétarien du jour au lendemain. IL y a des paliers.

          J’ai beaucoup de mal maintenant à utiliser des systèmes verrouillés. D’ailleurs mon téléphone est mort, je suis actuellement sur un iphone le temps de recevoir mon nouveau… ça me fait bizarre.

  3. Je suis allé voir leur site et ça à l’air intéressant Wine, merci pour le conseil ! Bon après c’est ma clé wifi qui n’a pas de pilote pour Linux, ce qui est assez handicapant… Mais j’ai bon espoir de trouver une solution à tous les petits problèmes que j’ai !

  4. Ou encore installer Virtualbox et lancer windows en machine virtuelle. Pour la carte wifi, j’ai du changer de modèle pour ne plus avoir de soucis. La liberté a un prix 🙂

  5. Bonjour,
    Suite à votre article, je remarque qu’au delà de votre ambition de se dégoogléliser , il aurait été judicieux de ne plus utiliser Google Analytics dans votre WordPress mais plutôt un genre a Piwik non?
    Tant qu’à faire … 😉
    Bonne continuation !
    Kéro

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