Vous pensez peut-être que j’ai une jambe de bois et un perroquet sur l’épaule, ou alors que je suis devant mon ordinateur avec un sweat à capuche, un masque anonymous, et que je tape très vite des lignes de codes. Dans ce cas, je vais vous décevoir car je vais vous parler d’une autre forme de piraterie.
D’abord, il faut revenir sur un mot : pirater / hacker
To hack signifie bidouiller, bricoler, modifier. Le hacking c’est donc le fait de détourner un objet ou une entité de son but premier. Vous avez réutilisé une vieux saladier pour en faire une jolie lampe design ? Alors vous êtes un hacker (ou hackeur prononcé à la française) ! Les amateurs de fabrication et détournement de meubles partagent leurs réalisations notamment sur Ikea Hackers ou encore Bidouilles Ikea. On pourrait donc également employer le terme maker (en référence aux fablab et autres makerspaces). Vous pouvez d’ailleurs relire mon article concernant Hacker Citizen, le livre qui présente des idées pour « hacker » sa ville et reprendre possession de l’espace public.
En informatique, le hack est une solution rapide et bricolée pour contourner un problème. Par contre, si vous pensez aux personnes qui tentent d’accéder à votre compte bancaire ou qui volent des données, et qui donc contournent des protections logicielles ou matérielles, il faut plutôt parler de crack.
Le mot Pirate (du grec pierao qui pourrait se traduire par « essayer, tenter sa chance à l’aventure », repris en latin sous la forme pirata signifiant « qui est entreprenant ») symbolise la manière dont sont stigmatisés les citoyens qui partagent librement la culture, notamment via Internet. Pourtant, la « piraterie » est un terme désignant des actes de pillage et de tueries commis en mer.
Et bien le Parti Pirate souhaite « hacker » la politique et partager la culture.
Vous en avez peut-être entendu parler il y a quelques mois, le Parti Pirate Islandais a terminé en 3ème position aux élections législatives, conquérant ainsi 10 des 63 sièges du Parlement. Mais au fait, c’est quoi le Parti Pirate ?
« Le Parti pirate (en suédois, Piratpartiet), est un parti politique suédois, fondé en 2006. Ce parti s’attache notamment à réformer les droits de la propriété intellectuelle, comme le copyright, les brevets et la protection des œuvres. Le programme comprend aussi un soutien au renforcement des droits fondamentaux relatifs à la vie privée (comme la propriété privée et les informations privées), à la fois sur Internet et dans la vie courante. Le Parti pirate devient en mai 2009 le troisième plus gros parti suédois en nombre de membres. Ung Pirat, la branche étudiante du Parti pirate, est la plus grosse organisation politique des jeunesses suédoises. Grâce à cette popularité, de multiples partis du même nom prolifèrent à travers le monde. » La popularité du Parti Pirate est également liée à l’histoire du site de partage de fichiers The Pirate Bay.
En France, c’est en 2012 que le parti se fait connaître du grand public, avec ses 101 candidats pour les législatives. Lors de la campagne, le Parti pirate met en avant cinq axes principaux : la légalisation du partage, la lutte contre le fichage abusif, l’indépendance de la justice, l’ouverture des données publiques et plusieurs propositions pour plus de transparence de la vie publique.
Vous vous doutez bien que ces thèmes sont toujours d’actualité, et si vous lisez mon blog régulièrement, vous avez compris, je pense, pourquoi je me retrouve dans les idées de ce parti et dans son état d’esprit. Je vous invite à lire le programme sur le site officiel afin d’en apprendre plus.
J’ai aussi été séduit par le mode de fonctionnement du parti. Son projet s’articule autour de ce qu’on appelle la « démocratie liquide », un concept qui se situe entre la démocratie représentative et la démocratie directe. À l’occasion des élections législatives françaises de 2017, le Parti pirate a lancé un site afin de recueillir des candidatures pour chaque circonscription. Le Parti Pirate constitue une réponse possible, face aux systèmes politiques et économiques actuels.
Bonjour,
Un peu de texte pour tes tracts :
Nous, pirates, sommes dans l’incapacité d’intéresser plus d’une poignée d’illuminé-e-s et pour cause ; notre engagement et nos valeurs se répartissent sur trois axes : faire l’inverse de ce que l’on dit, opacifier au maximum nos outils dans l’espoir que plus personne ne les utilisent, et tourner indéfiniment en rond.
Considérant que le parti pirate français prétend lutter contre la propriété intellectuelle en déposant sa marque.
Considérant que le parti pirate encourage systématiquement l’utilisation de services privés tels que Facebook ou Périscope.
Considérant que le parti pirate français se réclame du parti pirate international alors qu’il est absent des réunions (y compris lors des assemblées générales).
Considérant qu’à ce jour les seuls candidats du parti pirate aux législatives 2017 sont des hommes blancs.
Considérant que ni le bureau national (BN) ni la coordination nationale (CN) n’ont publié de compte rendu depuis plus de trois mois.
Considérant le vote électronique comme seul outil décisionnel du parti pirate.
Propose la dissolution du parti pirate.
+ Quelques punchlines :
Tu n’as jamais mis les pieds dans un bureau de vote ?
Oui, tu es pirate !
Tu ne sais pas écrire une phrase en français sans faire 3 fautes ?
Oui, tu es pirate !
Tu n’as jamais manifesté, distribué un tract ou collé une affiche de ta vie ?
Oui, tu es pirate !
Tu te ramènes juste pour les élections et on ne te reverra plus après ?
Oui, tu es pirate !
Fais comme farlistener, Mayou et une dizaine d’autres candidat-e-s de 2012 :
Deviens inéligible grâce au parti qui rate !
Cordialement.