Contre les menottes numériques !

Ai-je besoin de rappeler que je suis pour le partage, et donc contre les mesures restrictives ? C’est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit d’un bien numérique. Je suis donc un farouche opposant aux DRM (digital rights management ou gestion des droits numériques), qui représentent l’opposé de la philosophie du Libre. Mais encore faut-il savoir ce qu’est une DRM.

« Les DRM sont des dispositifs qui ont pour but de contrôler l’accès aux œuvres numériques et l’usage qui en est fait. Elles peuvent concerner tout type d’œuvre numérique (musique, vidéo, livre, jeu, logiciel en général, etc) sur tout type d’équipement (ordinateur, téléphone mobile, baladeur numérique, station multimédia, etc). Le contournement de ces dispositifs de contrôle d’usage est interdit par la loi française depuis 1996, hors exceptions étroitement définies par la loi. « 

Dans la pratique, ces systèmes empêchent certains usages légitimes sur les contenus numériques, comme d’en faire une copie ou de donner le fichier à quelqu’un d’autre. Lorsqu’on achète un bien numérique – un e-book par exemple – on paye une licence d’accès au fichier, mais on n’en devient pas le propriétaire. Alors que lorsque j’achète un livre dans le commerce, il est à moi, et rien ne m’empêche légalement ou physiquement de le donner à un ami. Avec un fichier numérique protégé par DRM, ce n’est pas une mince affaire. Bien souvent, mon fichier n’est lisible que sur un type de matériel précis, et avec une application dédiée. Si j’ai acheté un e-book via Amazon, je dois utiliser leur application pour le lire. Pareil pour Google Play ou la Fnac. Si j’achète un DVD en Asie, il ne sera pas lisible sur mon lecteur DVD européen à cause du zonage. Les constructeurs ont simplement ajouté une barrière numérique pour m’empêcher de faire ça (alors que techniquement, cela fonctionne sans problème). Toujours sur mon DVD, je ne peux pas passer les logos d’avertissement ou les publicités au début. Là c’est carrément mon lecteur DVD qui refuse de m’obéir.

Un autre problème avec les fichiers DRM est que je n’ai pas de contrôle dessus et que, si le vendeur du fichier le souhaite, il peut le supprimer ou le bloquer à distance. Il y a quelques années, Amazon a supprimé (sur les liseuses de ses clients qui avaient acheté le fichier) les e-book de George Orwell, « 1984″ et « La ferme des animaux ». Assez ironique… De son côté, Apple a fait l’inverse et a téléchargé sur les ordinateurs de tous ses utilisateurs le dernier album de U2  – donc de manière forcée.

Si une société privée choisit de supprimer ou d’ajouter du contenu à sa guise, le partage et la sauvegarde de la culture, des biens numériques, de l’informatique sont compromis. La Free Software Foundation a d’ailleurs lancé une campagne pour se battre contre les DRM.

biblio_drm_1-253x300En tant que médiathécaire, ce sujet me pose question. Vous le savez peut-être mais il est possible, dans certaines médiathèques, d’emprunter des livres numériques (des e-books). Je peux venir avec ma liseuse (ou le faire de chez moi) et télécharger les livres qui m’intéressent. Sur le principe c’est super! Sauf que d’un côté, mon fichier a une durée de vie (je ne peux pas le prêter plus de x fois, je ne peux pas le garder plus de x jours) et que pour le lire, je dois bien souvent passer par un logiciel précis, développé par une société privée américaine, à savoir Adobe. Et moi j’y vois un problème. Il existe heureusement des solutions alternatives, mais les fichiers verrouillés par des DRM restent majoritaires.

Il existe par exemple des bases de données qui regorgent de fichiers gratuits, libres, et sans DRM. Vous avez le droit de les télécharger, les copier et les distribuer. C’est le cas de L’Internet Archive, un organisme à but non lucratif consacré à l’archivage du Web. Le projet sert aussi de bibliothèque numérique. Ces archives électroniques sont constituées de clichés instantanés (copie de pages prises à différents moments) d’Internet, de logiciels, de films, de livres et d’enregistrements audio. Actuellement basée aux États-Unis, les serveurs du site vont migrer au Canada afin d’échapper à l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, et à la surveillance de masse. Si vous cherchez encore des organismes à soutenir financièrement, en voilà donc un de plus !

 

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